L’appel à s’engager sans se perdre, pour une civilisation d’amour

1. “Je ne suis pas ce que je fais” :
Quand l’engagement devient un miroir de notre âme
Chers amis, chers frères et sœurs en Christ, vous qui portez peut-être déjà tant de responsabilités – dans vos paroisses, vos associations, vos familles, vos engagements professionnels ou personnels –, je m’adresse à vous avec une infinie tendresse. Parce que je sais, au fond de mon cœur, que votre désir le plus profond n’est pas d’ajouter une ligne à votre CV spirituel, mais bien de vivre pleinement ce pour quoi vous avez été créés. Alors, avant même de vous demander : “Quelle place est-ce que je désir prendre dans cette nouvelle aventure ?”, posons-nous une question plus fondamentale : quelle est ma place dans ce monde, dans mon entourage, dans la paroisse, dans l’association ? Pas comme un rôle à jouer, mais comme une vocation à incarner.
La société moderne nous a appris à mesurer notre valeur à l’aune de nos actions. “Dis-moi ce que tu fais, je te dirai qui tu es.” Pourtant, le Christ nous murmure une tout autre vérité : “Tu es aimé avant même d’avoir fait quoi que ce soit.” (cf. Épître aux Éphésiens 1:4-5). Cette révélation est libératrice, mais aussi vertigineuse. Car si je ne suis pas ce que je fais, alors qui suis-je ?
Dans un de nos Café Philo, nous avons largement évoqué cette phrase de Rimbaud : « Je est un autre » et nous avons constaté que le chemin vers ce « Je » profonde n’est jamais terminé.
Et si mon engagement devenait un débordement de mon être, et non sa source ? Imaginez un instant que votre vie soit comme un fleuve : ce n’est pas parce que l’eau coule qu’elle est le fleuve. Elle coule parce qu’elle est eau, vivante, offerte. Votre engagement, lui aussi, pourrait devenir ce flux naturel, comme une danse où chaque pas n’est pas une obligation, mais une réponse joyeuse à l’appel de l’Amour.
2. Du « simple » consommateur au co-créateur :
Oser vivre son rêve plutôt que rêver sa vie
“Est-ce que je vis, ou est-ce que je survis ?”
Cette question, je me la pose souvent en m’observant et en contemplant ce qui m’entoure.
Vous qui donnez tant sans toujours recevoir en retour.
Vous qui, parfois, vous épuisez à force de vouloir “faire votre part”, comme si le monde dépendait de vos seules épaules.
Oui, la liberté se trouve dans notre ‘devoir d’état’ !
Oui, nous ‘devons’ faire part à certaines attentes de la part des autres, mais pas au détriment de ce que nous sommes.
Sauf, bien sûr, si nous sommes appelés au martyr. Mais en vérité, cet appel ne pourrait pas être vécu autrement que dans la joie, dans la pleine acceptation de notre liberté, ça sera une forme martyr d’amour qui portera des fruits qui ne sont pas toujours visibles dans ce monde des hommes et des femmes en manque de lumière.
Et si, au lieu de consommer votre énergie dans une logique de performance, marqué par l’extériorité, la fragmentation, l’oubli de l’origine et de la peur du vide, nous nous mettons ensemble en route pour ce voyage vers la Cité de Dieu cette Civilisation d’Amour dont parlait le pape Paul VI, comme un précurseur d’une renaissance de l’amour dans les cœurs humains, lors de son discours pour la clôture de l’année Sainte en 1975.
Mais non pas comme la recherche du Saint Graal ou d’un Paradis terrestre “perdu”, mais comme une réalité intrinsèque qui nous pousse vers le bien commun, ce qui n’est possible dans un élan d’amour intérieur, habité et ensemble !
Cela fait 2000 ans…, ce qui me donne l’impression que nous n’avons toujours pas compris du message du Christ : “Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés”. As-t-Il dit cela dans un esprit de performance ou simplement pour nous appeler à retrouver l’acte créateur : Le Logos qui se fait chair, “Au début était le verbe…”
« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » Cette phrase, prononcée par le renard lors de son dialogue avec le Petit Prince (chapitre XXI), résume l’idée que :
- La vraie connaissance échappe à la rationalité pure (les « yeux »).
- L’amour, l’amitié et le sens se perçoivent par une forme d’intuition profonde (« le cœur »).
- Ce qui compte vraiment (la beauté, les liens, l’essence des choses) est invisible aux apparences.
Je vous ai déjà parlé briefement dans un de nos cafés philo et aussi dans un article sur la Mentalité de Performance que je publierais bientôt.
Osiez-vous créer à partir de ce qui vous habite ?
– De la performance à la présence ?
– L’audace de l’imperfection ?
– Le passage du « faire » au débordement de « l’être qui fait » ?
Quelle est cette petite flamme en vous qui ne demande qu’à grandir ?
Peut-être est-ce l’envie d’animer un café philo, de partager une réflexion théologique, philosophique, scientifique, psychologique… une réflexion qui vous est chère, avec des amis, ou simplement d’écouter ceux qui se sentent perdus. Mais attention : cette flamme ne doit pas devenir un nouveau fardeau. Elle doit rester une invitation, pas une exigence.
La psychologie nous enseigne que l’être humain oscille entre deux modes : le mode “survie” (où l’on réagit par peur, par habitude, par obligation) et le mode “création” (où l’on agit par désir, par passion, par amour). Dans quel mode êtes-vous aujourd’hui ? Quelle est votre baromêtre de votre “temps intérieur” ? Si vous sentez que vos engagements actuels vous vident plus qu’ils ne vous remplissent, c’est peut-être le signe qu’il est temps de discerner. Pas pour abandonner, mais pour réorienter. Comme le disait saint Ignace de Loyola : “Choisis ce qui te donne la paix.” Alors, avant de dire “oui” à une nouvelle responsabilité, demandez-vous : “Est-ce que ce choix m’apporte de la joie ? De la paix ?” Si la réponse est “non”, creusez plus profond. Qu’est-ce qui vous retient ? La peur de décevoir ? La culpabilité ? L’habitude ? Ces freins, une fois identifiés, perdent peu à peu leur emprise. Et soudain, vous réalisez que vous n’êtes plus un consommateur de votre propre vie, mais son auteur.


3. “Entrer dans la danse” :
Construire ensemble une civilisation d’amour
n’est pas créer une autre Église ou une autre Religion…
C’est d’apprendre à travers mes chutes d’hier, voir ce que je suis aujourd’hui pour devenir ce que je suis et pour « mettre le feu au monde » comme disait Saint Catherine de Sienne :
« Si vous devenez ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde. »
Cette phrase résume son appel à vivre pleinement sa vocation et à embrasser la volonté divine pour transformer le monde par l’amour et la vérité. Elle est souvent reprise dans un sens spirituel, mais aussi comme une invitation à l’accomplissement personnel et à l’impact radical.
« Chers amis, comme il est doux et brûlant, ce désir qui nous habite : vivre enfin l’Évangile dans toute sa pureté, là où la justice et la miséricorde s’embrassent, où l’amour du prochain n’est pas un mot, mais une réalité vivante !
Non pas comme des être parfait mais tel que nous sommes aujourd’hui, pas à pas, en regardant dans le miroir de nos frères et sœurs pour découvrir d’avantage « qui nous sommes » mais à travers le prisme de DIEU AMOUR INFINIE !
Et pourtant, combien de fois avons-nous vu nos plus belles intentions, nos rêves les plus saints, se transformer en chaînes pour nous-mêmes ou pour d’autres ? Combien de fois avons-nous entendu les paroles du Christ, ces paroles de vie, détournées pour servir des causes qui, malgré leur apparente noblesse, écrasent au lieu d’élever, divisent au lieu de rassembler, jugent au lieu d’aimer ?
Le Seigneur nous a prévenus : « Ce n’est pas en disant ‘Seigneur, Seigneur !’ qu’on entrera dans le Royaume des cieux, mais en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. » (Matthieu 7,21) Alors, comment faire pour que nos églises, nos communautés, nos engagements, soient vraiment des lieux où l’Esprit souffle en liberté, où chacun est accueilli comme un frère, une sœur, un enfant de Dieu, et non comme un moyen pour une fin, fût-elle la plus belle du monde ?
Et si, au lieu de vouloir ‘refaire’ le monde ou ‘refaire’ l’Église ou ‘réinventer’ la foi, nous commencions par nous laisser transformer nous-mêmes, par ce feu d’amour qui ne consume pas, mais qui purifie ? Et si nous osions, ensemble, marcher sur le chemin étroit de l’humilité, de l’écoute, de la pauvreté d’esprit, là où le Christ nous attend toujours, les bras ouverts, pour nous dire :
« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous donnerai le repos. » (Matthieu 11,28) ? »
La réponse est peut-être dans la danse. Imaginez une ronde où chacun avance à son rythme, où les pas s’enchaînent sans se ressembler, où l’on se tient par la main sans étouffer l’autre. C’est cela, une civilisation d’amour : un espace où chaque personne est infiniment aimée par Dieu, et où cet amour se traduit par une liberté respectueuse.
Alors, si je vous propose de vous engager dans cette aventure – que ce soit dans votre paroisse, dans votre ou dans notre association, un café philo, ou tout autre projet –, ce n’est pas pour vous ajouter une charge, mais pour vous offrir un terrain de jeu où vous pourrez devenir toujours un peu plus vous-mêmes. Pas en copiant un modèle, mais en osant inventer et découvrir « ce que vous êtes« , en vous plaçant sous le regard d’un amour infinie qui est en Dieu. Pas en reproduisant des schémas, mais en laissant jaillir ce qui est déjà en vous. Quelle place désirez-vous prendre ? Celle de l’organisateur ? Du facilitateur ? De l’écoutant ? Du penseur ? Du scribe ? Du priant ? Peu importe, du moment que cette place vous ressemble. Car c’est en étant vrai que vous permettrez aux autres d’entrer, eux aussi, dans la danse.
En guise de conclusion : La grâce de devenir qui nous sommes
Chers amis, l’engagement n’est pas une course, mais une marche. Une marche où l’on avance pas à pas, où l’on trébuche parfois, où l’on se relève toujours, parfois seul et souvent grâce à des personnes autour de nous qui nous veulent du bien. Ce qui compte, ce n’est pas la vitesse, mais la direction. Et si cette direction était simplement de devenir qui nous sommes, pour que le monde, à travers nous, devienne un peu plus lui-même – c’est-à-dire un lieu de fraternité, de paix, d’amour ?
Alors, si le cœur vous en dit, rejoignez-nous. Pas par devoir, mais par désir. Pas par obligation, mais par amour. Et ensemble, sans nous presser, sans nous comparer, ensemble nous construirons cette civilisation d’amour, une danse à la fois et dans la foi.
“La vie n’est pas un problème à résoudre, mais une réalité à vivre.” (Søren Kierkegaard)
À vous maintenant ? Et vous, quelle place désirez-vous prendre dans cette aventure ? Qu’est-ce qui vous fait vibrer, vous donne de la joie, vous remplit de paix ? Partagez vos réflexions en commentaire ou par un retour par mail – nous avons hâte de danser avec vous. 💛
Terminons ensemble avec ces mots du Pseudo-Denys à Polycarpe :
« Ne t’arrête pas, mon frère, ne te repose pas sur les connaissances que tu as acquises, car la vérité divine est un océan sans rivage. Si tu crois avoir atteint le but, tu n’as fait que t’éloigner de Dieu, car il est toujours au-delà de ce que tu peux concevoir. »
